< villemoisson-sur-orge 1903

                                                                                            1903

 

       à Villemoisson-sur-Orge

 

       

 

Le Fief de la Chapelle, photographié ici vers 1900 - baptisé plus tard Manoir du Vieux Logis-est alors propriété privée et est la demeure de bourgeois parisiens. Il comporte plusieurs constructions dont la partie à gauche de l’image remonterait au XVIIè siècle, ce qui, en l’état actuel des recherches, paraît assez peu vraisemblable. Un parc d’environ cinq hectares avec une vue très étendue sur un paysage dominé par la tour de Montlhéry agrémente le domaine.

 

 

                                                         

 

Tony Curtis et Marilyn Monroe dans Certains l’aiment chaud (Some like it hot) un film tourné en 1957.

 

La présence d’un fauteuil du même genre que ceux qui figurent sur la carte postale sur une plage américaine des années 30 est sans doute à mettre au compte de la fantaisie de Billy Wilder. Qui n’en manquait pas du tout. Pour notre plus grand plaisir.

 

 

              

 

Autre image colorisée du début du siècle qui nous montre un jardin pas du tout à la française, mais bien d’époque 1900.

Au fond à gauche on aperçoit le viaduc du chemin de fer

 

 

 

            A Paris, dans les salons, on danse le Cake-Walk

 

                                               

 

« C’est le dernier engouement de Paris…

 

… En 1900  nous avions été initiés par la De Souza Band, « l’Orchestre De Souza », à la fanfare américaine, marches épileptiques et frénétiques galops. Et voici que l’hiver 2002-2003 nous révèle le Cake-Walk, la « Danse du Gâteau » des nègres américains…..

 

Tout cela amuse beaucoup les Parisiens et ils s’imaginent connaître le Cake-Walk. Ils n’en ont pourtant – il faut bien le leur dire- qu’une caricature sur les planches des cafés-concerts et, dans les salons, qu’une bien pâle imitation. Le Cake-Walk n’a vraiment tout son charme pittoresque et passionnant que dans son milieu d’origine, chez les nègres des Etats du Sud de l’Union américaine.

Là, c’est vraiment la « Danse du Gâteau » : un concours, un tournoi dont un énorme gâteau est le prix. Le dessin de M. Georges Scott donne une idée du tableau… »

                                                                                                             L’Illustration 1903

 

 

                  

 

                                                                                                                           LE CAKE-WALK DANS SON PAYS D’ORIGINE

                                                                                                                  Le pas du Kangurou dans un bal nègre aux Etats-Unis

                                                                                                                                                                               L’Illustration 1903

 

Tout le monde n’est pas d’accord avec cette façon plutôt libérale de voir le phénomène. Toujours en 1903, dans la revue « La Plume » on lit ceci :

 

                                      

                                                         ..../...

                                      

 

                                                                         Extraits de La Plume Revue littéraire et artistique fondée par Deschamps

                                                                                                                                                               Document Gallica BNF

 

 

 

Georges MélièsGeorges Méliès, qui a entrepris de faire

du cinématographique un spectacle

ne cesse de tourner une grande quantité de films de quelques minutes,

ses « voyages à travers l’impossible » où règnent la naïveté,

l’imagination, la fantaisie, le mystère et la poésie.

 

Entre autres nombreuses productions, il réalise en cette année 1903 « Le Cake-walk infernal » où, lui aussi, s’intéresse à cette danse pour se moquer de l’engouement qu’elle provoque.

 

 

 

Et il nous raconte en images animées l’histoire de Pluton, dieu des Enfers, qui après un voyage sur la terre, retourne chez lui, étonné du succès de cette fameuse danse, le « cake-walk ». Il a ramené avec lui deux danseurs réputés qui commencent leur danse favorite au milieu des flammes. Un être étrange et laid se joint à la danse, mais ses membres se détachent et dansent loin de lui. Tous les sujets de Sa Divinité sont saisis par l’irrésistible envie de danser et ils entament une danse débridée. Des lucioles évoluent au milieu des humains. A cette vue, Satan enflamme la terre dans un gigantesque brasier qui annihile tout autour de lui, le faisant disparaître avec les flammes.

 

Ce film a été reproduit sur une vidéo Youtube dans sa version originale et, à la fin de cette page il est dit comment y accéder.

 

                                                                           

                                                                                                                               Image du film « Le Cake-walk infernal »

 

 

Toujours à Paris, dans son

CONSERVATOIRE DE MIMI PINSON,

M. Georges Charpentier donne des leçons de chant

aux petites ouvrières parisiennes

 

 «  Notre but, affirme-t-il, est d’élever le niveau moral et intellectuel de ces jeunes filles qui, tout le jour, peinent sur l’aiguille ou le chiffon et rentrent chez elles, le soir, le cœur et l’esprit endoloris par la fatigue et l’inexorable perspective du recommencement quotidien….. »

 

 

                                 

                                                                      Cours de danse et de maintien de Mme Souplet

 

Au Conservation il y a trois cours : de chant, de harpe et de danse. A propos de ce dernier l’Illustration écrit :

 

 « La danse – Plus de trois cents élèves. La salle est vaste, Le professeur, une dame du corps de ballet de l’Opéra, Mme Souplet, est là qui, sans se lasser, avec une patience admirable, indique aux élèves – en costume de ville - bien entendu – non pas des ronds de jambe et des entrechats, mais les mouvements de gracieuse souplesse des mains et des bras, de la tête et du torse……

……

« Quelques sceptiques ont objecté que c’était développer là dans ces âmes de petites Parisiennes éveillées et naïves, le goût des planches.

Mais non. Ne croyez pas que, pour avoir étudié gaiement la musique  dans ce Conservatoire populaire, il leur viendra l’idée de se faire « cabotines ». Elles n’en sauront jamais assez pour cela.

C’est un peu d’idéal qu’on veut leur donner, en leur vie monotone et souvent ingrate, c’est le goût d’un art fait d’autres choses que de romances de carrefours ou de refrains grivois.

Un beau souvenir de Gluck, de Saint-Saëns ou de Massenet vaut mieux.

Et dans la famille de l’ouvrière, où elle apporte maintenant un gracieux talent, la vie se fait moins triste. »

                                                                              Henri de Forge

                                                                           L’Illustration 1902

 

 

Tandis qu’en Bretagne, c’est la Carmagnole que les femmes invitent à danser.

 

 

            LA GREVE D’ HENNEBONT  - Les femmes des grévistes traversent la ville en chantant l’ Internationale.

 

« …

De longs cortèges se déroulaient à travers la bourgade d’ordinaire silencieuse et tout à coup emplie du piétinement bruyant de foules en sabots, troublée de chants révolutionnaires, Carmagnole et Internationale mêlées.

 

Fait digne de remarque, et qu’on a constaté à maintes reprises déjà en des circonstances analogues, les femmes étaient les plus acharnées à manifester, les plus bruyantes. De même qu’il y a quelques mois ce sont elles qui faisaient autour des couvents bretons la meilleure garde, de même à Hennebont elles composent en majeure partie ces processions révolutionnaires où se mêlent les petites coiffes coquettes, les hauts tabliers bleus et roses des Alréennes, les longs capots blancs des femmes de l’Ile-aux-Moines, les coiffures et les costumes du Morbihan.

 

Malheureusement, on ne devait pas s’en tenir à ces manifestations, bruyantes sans doute mais pacifiques. Dans la ville en état de siège, des bagarres se sont produites entre la troupe et les ouvriers. Le sang a coulé. Et il faut souhaiter qu’un accord intervienne à bref délai. »

                                                                                                          L’Illustration 1903

 

 

les artistes aussi

 

Les artistes aussi n’ont pas tous le même regard sur le monde de 1903. Tandis qu’Auguste Renoir peint de plantureuses baigneuses dans une ambiance nacrée, Paul Roger-Bloche sculpte dans le bronze un famélique apprenti mineur qui a bien de la souffrance à soulever un lourd marteau.

 

 

                                     

                                                          Auguste Renoir  Baigneuse 1903

                                                                                                    Kunsthistorisches Musemum Vienne

 

                                    

                                                                Paul Roger-Bloche                          L’apprenti   1903

                                                                      Bronze actuellement au Musée de Saint-Etienne

                                                                      représenté ici Place Marengo à Saint-Etienne

                                                                               Carte postale ancienne Document Musée d’Orsay

 

En 1903, Renoir, qui a 62 ans, est au sommet de sa gloire et célèbre jusqu’à l’étranger où de nombreuses expositions de ces oeuvres sont organisées. Il vient d’être fait chevalier de la Légion d’honneur. Mais il est très malade, de fortes crises de rhumatismes déforment ses bras et ses mains, sa vue s’affaiblit.

 

Paul Roger-Bloche a 38 ans. Il expose dans les salons, la critique lui est plutôt favorable et il reçoit des commandes de l’Etat. L’Apprenti est une de celles-là. Achevée en 1903, elle est attribuée en 1907 à la ville de Saint-Étienne où elle est érigée sur la place Marengo (Jean Jaurès aujourd’hui) Une tempête de protestations s’élève aussitôt comme dans cet extrait d’un article intitulé « Vers la laideur » paru dans la presse locale :

 

« ... Les jardins de Marengo, en effet, sont pleins – si j’ose dire – de jeunes mères qui portent en elles le troublant Avenir. Elles risquaient, naguère, d’avoir de beaux enfants...Mais ce péril est conjuré : elles pourront désormais lever les yeux sur l’homunculus de métal qui, épaules tombantes, semble regretter fort de tourner le dos à un édicule tout voisin. Son allure de bossu, sa... figure d’apache et sa tête semblable à celle des petits êtres que l’on conserve dans des bocaux leur fixeront le type que doit réaliser la future humanité... »

 

Mais cela n’a pas duré très longtemps : le 9 juin 1911, au matin de très bonne heure, une équipe d’ouvriers du service de la Voirie a enlevé en catimini la statue de la place Marengo. Avec satisfaction pour la plupart des journaux, mais pas pour La Tribune :

 

« La vue du petit apprenti souffreteux de la place Marengo, gênait sans doute quelque édile sensible. La petite statue symbolisait trop éloquemment sans doute, le travail pénible et l’effort : on a dû craindre que son voisinage n’enrhumât ceux qui transpirent en regardant travailler les autres.... »

 

En 2006, l’œuvre de Paul Roger-Bloche reste presque inconnue de tous. Pourtant, l’artiste apparaît comme un pionnier de l’art moderne qui a su repousser les limites de la recherche formelle contemporaine et aborder des thèmes rarement traités en son temps. La vérité et la simplicité du message de son oeuvre en font un artiste universellement compréhensible. Egalement, son engagement politique et social et son parcours professionnel singulier auraient dû susciter l’intérêt. Il n’est pas douteux que Paul Roger-Bloche a encore à trouver la place qu’il mérite parmi les sculpteurs de grand talent.

 

Aujourd’hui, le seul ouvrage qui traite de façon approfondie de la vie et de l’oeuvre  de Paul Roger-Bloche  est, à notre connaissance, un mémoire de Maîtrise d’histoire de l’art établi en 2003 par Laetitia Destré, une étudiante de L’Université Paris IV. C’est à ce document que nous devons les informations qui précèdent.

 

 

 

 

En 2007

à Villemoisson

c’est au

nouveau Vieux Logis

qu’on danse

 

 

 

                                                                 un cours de danse en 2005

 

 

                                             

                                                             La salle de danse du Vieux Logis                                             photo m.s.s. juin  2007

 

C’est sur le terrain où se trouvait jadis la demeure bourgeoise qui figure sur la carte postale reproduite en tête de cette page. qu’a été édifiée la nouvelle salle de danse de Villemoisson. Il le fallait :

 

« Les 700 jeunes danseuses n’ont pas des installations à leur mesure. Nous avons calculé qu’une jeune fille sur 2 pratique la danse à Villemoisson !  Jusqu’ici elles n’avaient que deux petites salles, ainsi qu’une troisième qu’elle partageait avec d’autres associations… »

 

                   Interview de M. François Cholley, maire de Villemoisson,  publiée dans

                   Le Républicain du 2 juin 2005.

 

La musique de fond, qu’entendront certains, a pour titre : Alabama dream .C’est un ragtime cake walk composé par George D. Barnard en 1899. De nombreux sites Internet traitent du Cake walk : images et musiques. Pour en savoir plus, on peut commencer en allant à cette très bonne adresse :

http://www.ragtimemusic.com/

 

 

Statistiques

Nombre d’habitants de Villemoisson

En 1896 :   481

En 2005 : 6878

  Sauf erreurs et omissions, bien sûr

 

  « Le Cake-walk Infernal » dans sa version originale s’obtient  en cliquant sur le lien suivant :

                                       http://fr.youtube.com/watch?v=IPkxj_CLNGU

 

   Nous avons tenté une version sonorisée de l’œuvre. Elle est à l’adresse suivante :

 

                                                                  Version sonorisée du Cake-walk infernal >>>>

 

 

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édition du 16 juin  2008

 

pt'>édition du 19 juin 2007