1918
Collection Audigié
à Villemoisson, on a le bon dégel
Il a fait très froid à Villemoisson-sur-Orge au tout
début de l’année 1918, jusqu’à moins 14°. Alors que le dégel tant attendu
arrive, Madame Destré, qui tient commerce au centre du village, écrit à ses
enfants sur un imprimé de facture.
Mes chers Enfants bien contente
de recevoir de vos nouvelles et de savoir
que sa va
pour nous ça va on se
couche à sept heures on se lève le
lendemain moi à huit heures ton père
à neuf heures
on à pas de pétrole
pas beaucoup de charbon pas de sucre
Le remoulage 40 frs les 100 kilogs
on peut nourrir de la volaille pas
d’oeufs l e beurre 5 fr la livre
le camembert 1, 90 f tout ça n’est
pas gaie
raphaël votre fils il nous avez
dit que c’était 200fr qu’il aller vous
envoyer tu me dis pas que vous
avez le terrain que vous avez fait voir
à ton père
tu ne me dis pas
louise avec qui elle va se remarier
à ta prochaine lettre tu nous dira tous ça
on commençer à sennuier de ne
pas avoir de nouvelle tu doit nous
écrir au moins tous les quinze jours
sa désennuie
c’est été nous trouverons
peut être à vend
bien le bonjour dans la famille
si vous la voyez.
on a le bon dégèle
ton père disait nos marié va
bien se racoquiller avec un temp
pareille
enfin le temp et bien radousssi
je
termine en vous
embrassant tous les deux
vos
parents
Destré Joly
Villemoisson le 16 janvier 1918.
La carte postale reproduite en haut de cette page
date d’avant 1914 et représente le commerce qui était alors déjà tenu par Me
Joly Destré. Elle a d’ailleurs posé pour la photographie où elle figure devant
la porte d’entrée.
La guerre continue
La guerre
continue. Incertaine au début de l’année avec de part et d’autre
alternativement victoires et défaites, avances et reculs. Ruines et cadavres
s’amoncellent. Au mois de mai, les Allemands sont à nouveau à 60 kilomètres de
Paris qu’ils bombardent à partir de canons à longue portée (petite et grosse berthas)
le jour et d’avions (les gothas) la nuit. Une épidémie de grippe
espagnole fait par ailleurs des milliers de morts. Parmi eux : Apollinaire
et Edmond Rostand.
Ypres
1918 Photographie Hurley
Les enfants des écoles communales de
Paris dessinent des affiches destinées à inciter les Français à se
restreindre
Dessins d’enfants édités par le Comité national de prévoyance et d’économie.
Images Biblioteca Nacional Digital (Bibliothèque Nationale Portugaise)
11 novembre
En juillet, la contre-offensive lancée
par les Alliés entraîne la déroute des armées allemandes. L’armistice est signé
le 11 novembre. Pour beaucoup c’est la fin d’un cauchemar et la joie explose.
12 novembre
Au théâtre des Bouffes Parisiens de
Paris a lieu la première représentation de Phi-Phi, une opérette légère signée
Albert Willemetz et Fabien Solar sur une musique d’Henri Christiné. Le succès
est énorme.
Phi-Phi, c’est
Phidias, le grand sculpteur grec, ami de Périclès. Le grand artiste a reçu de
l’Etat la commande d’une statue représentant la Vertu et l’Amour. Dans les rues
d’Athènes il découvre, en la personne d’Aspasie le modèle idéal propre à
symboliser la Vertu. Mais la gamine, par ailleurs charmante, ne pense qu’à
l’homme brun, riche et célèbre annoncé par une voyante. Et tout cela est sans
compter avec Madame Phidias qui estime avoir le privilège de représentation de
la Vertu, avec le beau et jeune Prince Ardimédon appelé à servir de modèle à
l’Amour et pas du tout insensible aux charmes de la vertueuse épouse ni surtout
avec Périclès lui-même qui, passant par là, va donner une fin tout à fait
morale à cette histoire en épousant Aspasie.
2008
à Villemoissson
photo
m.s.s août 2005
Depuis 1918 le commerce de Joly Destré a changé
plusieurs fois d’exploitant et a subi quelques transformations. Mais en ce
début d’année 2008, s’il est toujours là, il est fermé et à vendre. La fin
définitive sans doute de ce qui fut longtemps la rue principale de
Villemoisson-sur-Orge.
A la fin de l’année
1918 commence le décompte macabre : celui des morts du plus grand carnage
de tous les temps. On arrivera à un total de 9 millions dont 1.357.800 Français.
Parmi eux, dix sept Villemoissonnais auxquels Claude Audigié a consacré une
page de son site perso qu’il faut absolument visiter. Celle-ci est à l’adresse
suivante :
http://pagesperso-orange.fr/audigie.claude/La%20Der%20des%20Der.htm
Afin d’illustrer musicalement cette page, comme l’ont été
toutes celles de cette série, ce sera cette fois pour des raisons techniques et
aussi, il faut bien le dire, pour s’amuser un peu car le sujet s’y prête, par
l’intermédiaire d’un gadget : une vidéo Youtube que l’on obtiendra en
cliquant sur le lien suivant :
http://fr.youtube.com/watch?v=xGUnzlh4cHQ
Mais
surtout ceux qui voudront en savoir et surtout en entendre plus devront se
rendre sur le superbe et monumental site Internet de
L’Encyclopédie multimédia de la comédie
musicale théâtrale en France
La page
consacrée à l’opérette Phi-Phi est à l’adresse suivante :
http://194.254.96.20/cm/FMPro?-DB=cm_oeuvres.fp3&-lay=oeuvre&-Format=cm-rep.htm&cle=258&-Find
Le visiteur qui s’y rendra passera là un bon moment en découvrant le presque totalité de l’œuvre avec différentes interprétations.
Sur le
site de la Bibliothèque Nationale Portugaise : Biblioteca Nacional
Digital le visiteur trouvera d’autres reproductions des dessins d’écoliers
parisiens que celles présentées ici.
Faire la rechercher (pesquisar) à partir du
mot : prévoyance.
adresse de la BND : http://purl.pt/index/cart/PT/index.html
édition du 23
février 2008