1934
l’entrée du café vers 1915
à Villemoisson
« chez BYRRH »
On le sait par
Roger qui est arrivé à Villemoisson tout gamin au début des années 30 du siècle
dernier et qui y a vécu jusqu’à la fin de ses jours en août 2003, que,
lorsqu’il était jeune homme c’est « chez Byrrrh » qu’avec les copains ils se donnaient rendez-vous
pour boire un coup et discuter. « Chez
Byrrh » c’était le café qui se trouvait là où il y a toujours un
café-restaurant en 2007, dans la rue Guy Mocquet et ils l’appelaient ainsi parce qu’à côté de la porte d’entrée il
y avait une plaque publicitaire pour cet apéritif au quinquina fort réputé à
l’époque.
Le café, restaurant,
buvette, épicerie dans la première moitié du XXè siècle.
1934
ailleurs
Les portraits qui illustrent
les livres d’histoire qui traitent de l’année 1934 sont ceux de Stavisky,
Salvador Dali, Marie Curie, Maurice Thorez, Mermoz, Jacques Doriot, Coleman
Hawkins, Paula Wessely, Alexandre 1er de Yougoslavie, Albert 1er
de Belgique, Louis Barthou, Hélène Boucher, Alberto Giacometti, Luigi
Pirandello, Adolf Hitler.
Et Greta Garbo. Dans la
Reine Christine.
Greta Garbo
Les photographies
journalistiques de groupes représentent Irène et Frédéric Joliot-Curie, les
manifestants antiparlementaires du 6 février, l’inauguration du nouveau zoo de
Vincennes, les funérailles du président Hindenburg à Tannenberg, le lancement
du Queen Mary, les morts des affrontements des forces de l’ordre avec les
grévistes des Asturies, un instituteur italien en uniforme fasciste dans sa
classe, la grande grève pour les trente-quatre heures dans l’industrie textile
américaine, l’enterrement de Sergueï Kirov à Moscou. Et un défilé de propagande
hitlérienne à Berlin. Unter den Linden.
Tino Rossi chante « Vieni,
vieni » et la France entière reprend en chœur avec Fred Adison :
Nous avons bien
rigolé
Tout le village a
flambé
Avec les
pompom...
Avec les pompom..
Avec les pompiers
On en conclura que cette
année 1934 a été fort agitée et que le pire y a dominé le meilleur. On sait que
ça ne s’est pas arrangé par la suite.
La presse de l’époque donne
la même impression quand, par exemple, L’Illustration nous montre les
jeunes enfants des écoles allemandes saluant leur maîtresse à la fasciste.
L’Illustration – 1934
D’autres pages de la même
publication sont plus optimistes lorsqu’elles nous affichent le corps bien
bronzé au soleil d’un beau petit bébé nourri au lait concentré sucré et à la
farine lactée Nestlé, et aussi les jolies jambes des femmes qui, cette
année-là, sur la Côte d’Azur ont préféré le short au pyjama dont la mode avait
fait fureur deux ans auparavant. Le journaliste de l’Illustration nous
parle de « la petite culotte courte s’arrêtant au dessus du genou et
souvent même fort au-dessus » Il nous dit que les shorts se portent
partout : en ville, au casino, à l’heure de l’apéritif dans les bars.
« Ils dansent au son du jazz, Ils s’attardent dans les boîtes de nuit ».
Il précise : « Ne vous hâtez pas toutefois de voir dans le short
l’indice d’une équivoque liberté d’allure ou de mœurs : d’irréprochables
mères de famille vont en short promener leurs enfants ou faire leur emplettes
dans les magasins. » Et, prophétique,
il conclut :
« Dans ce journal qui
veut être le reflet de l’époque, le short 1934 devait trouver sa place, ne
fût-ce que pour l’étonnement des âges prochains, lorsqu’une petite fille,
feuilletant par hasard notre collection, s’écrira avec une stupéfaction
incrédule : « Oh ! grand-mère, tu t’es vraiment habillée comme
ça ? » »
L’Illustration 1934
Aujourd’hui,
en 2007, les belles dames aux jolies jambes de l’Illustration doivent
avoir dans les quatre-vingt dix, cent ans et il n’est pas du tout certain que
leurs descendantes aient envie de manifester quelque stupéfaction ou
incrédulité à la vue de ces images. La question posée en 2007 par l’arrière
petite fille de la dame qui figure sur la photographie du milieu ne sera sans
doute pas celle supposée par le journaliste mais plutôt : « Dis
mamie, pourquoi tu emmenais ton ordinateur portable à la plage : t’avais du
boulot en retard, tu faisais des heures sup ou tu travaillais au noir pendant
tes RTT ? »
Et puis, en se plongeant
dans la lecture du magazine favori de sa maman elle apprendra sans trop s’y
intéresser que ce n’est plus, comme soixante et onze ans avant, le port du
short qui passionne mais celui du chapeau de paille. Les choses ont bien
changé. Il paraît en effet que c’est le panama qui s’est hissé en 2005 au
top de la tendance chez les people, le problème étant, pour faire
bonne figure, de bien capter le concept qui va présider au look. Mais
que penseront en regardant ces photos les arrière-petites filles de ces dames
en l’an 2076 (2005+71) ? Peut-être répondront-elles, et pour lui donner
enfin raison avec un siècle et demi de retard, ce qu’avait prévu le journaliste
en 1934 : « Oh ! grand-mère, tu t’es vraiment habillée comme
ça ? » Mais on peut se tromper, on est là dans un domaine où
on ne peut être sûr de rien, ou tout peut arriver, ou le pire peut survenir
d’un moment à l’autre.
Elle 4 juillet 2005
retour chez Byrrh
Plus haut on a vu l’image d’une
élégante de 1934 tenant en laisse un toutou. C’est en cette même année 1934
qu’a été prise la photographie de cette autre dame en tablier tenant son chien
sur ses genoux. Mais, ici on n’est pas sur la Côte d’Azur, mais dans un tout
autre monde, à Charenton, près de Paris, dans la cour de la succursale de la
maison VIOLET Frères, la maison qui fabrique et commercialise le fameux BYRRH
dont il est question au début de cette page.
Et l’image est une de celles qui figurent dans une
brochure datée de 1934 éditée par la direction de l’entreprise J. & S.
VIOLET FRÈRES et intitulée :
La Maison J. & S.
VIOLET FRÈRES
à
ses collaborateurs
1934
La réalisation est luxueuse sur papier cartonné,
reliure en spirale, couverture en rhodoïd, 59 pages. Rien que des photos :
118 au format 22x16cm. Sous chaque image une seule ligne pour indiquer ce qu’elle représente. Aucun autre
texte, même pas de présentation.
Sur la première page figurent les portraits du
Précurseur et du papa et de la maman des directeurs :
la dernière page nous montre le bureau de la
direction et les grands patrons du moment : Messieurs J. et S. VIOLET Frères.
Entre ces deux images, tout
le personnel, tout le matériel, toutes les usines, tous les dépôts, tous les
bâtiments. L’ensemble constitue une sorte de monument et on s’attarde à
regarder les détails de chaque photographie, les hommes, les femmes qui y
figurent, quel tête il ont, comment ils sont habillés, coiffés, chaussés. On
cherche le chef, le sous-chef, la secrétaire, les belles filles, les beaux
gars, ceux ou celles avec qui on se serait bien entendu, ceux qu’on aurait pas
eu du tout envie d’aimer. Comme si on avait fait partie de leur groupe. Sur
l’image qui représente les livreurs de la succursale de Charenton, au milieu de
plus d’une centaine de tenues sombres on ne voit que la jolie et jeune
secrétaire habillée de blanc. Plus difficile à trouver au milieu de tous ces
gens qui affichent généralement le plus grand sérieux est la bande de joyeuses
copines de l’atelier de mise en bouteilles de Charenton.
Et il y a les bureaux et les
machines, les camions de jadis, le tout dans un ordre impeccable. Cela respire
l’ordre et le sérieux. Les équipements, les locaux et les conditions de travail
semblent être parmi ce qui se faisait de mieux à l’époque.
C’est l’ami Aril Vida qui
m’a offert la brochure dont sont extraites les photos que l’on trouve ici.
C’est à lui que je pense en les publiant. Longtemps il a travaillé dans
l’entreprise Violet (lui disait chez BYRRH ) comme représentant. Il
en parlait souvent. Pour lui c’était une bonne maison et il en avait gardé un
bon souvenir et des amis. Aril repose aujourd’hui au cimetière de Villemoisson.
Les pages qui vont suivre
donnent quelques extraits de la brochure. La présentation qui en en est donnée
est différente de l’originale où les images sont regroupées par établissement.
Ces pages se lisent à
partir d’ici >>>>>>>
à condition d’être majeur, vous pourrez en savoir plus
sur le BYRRH en allant visiter le site officiel
à l’adresse suivante :
On
trouvera aussi quelques indications historiques sur :
http://jeantosti.com/histoire/byrrh.htm
édition du 28 décembre 2007