VIllemoisson-non-off
Cold Cases 251e saison, épisode 1 L’affaire Villa Moissum
On croyait la chose entendue et le
dossier oublié au plus profond des archives du service des affaires classées.
Personne ne se doutait que deux cent cinquante ans après ce classement aux
oubliettes quelqu’un allait mettre en doute ce que tout le monde avait fini
par admettre. Et pourtant.... L’affaire est apparue il y a
longtemps lorsqu’on a commencé à se demander quelle pouvait être l’origine du
nom d’un petit village du sud de Paris appelé Villemoisson-sur-Orge. Alors
que Louis XV régnait sur la France, la plupart des gens avaient tendance à
rattacher le nom Villemoisson au mot « moisson »
précédé, soit du mot ville venant du latin « villa »
soit du mot « vil »
signifiant « vilaine »
suivant leur propension à l’optimisme ou au pessimiste, C’est alors qu’est arrivé en 1758,
l’abbé Lebeuf avec une interprétation moins rustique et plus cultivée. On
donnera ici en V.O à l’intention de ceux qui ne connaissent pas ou qui ne
sont pas du coin ce qu’a écrit le
savant abbé Ceux qui l’ont déjà
lu cent fois peuvent évidemment se passer d’y revenir.
Cette façon de voir a beaucoup plu et
plaît toujours beaucoup. Quand on la raconte aux curieux, elle permet de
mêler à l’explication un mot germanique ancien moss, un de vieux
français mossu et deux ou trois de latin : moissun, moissum,
moissium.. L’affaire se complique un peu quand cet étalage de culture ne
suffit pas à convaincre et qu’il faut expliquer ce que tous ces mots
signifient et qu’il faut répondre qu’ils évoquent le marécageux, le
spongieux, l’uligineux. Si l’étranger de passage à Villemoisson vous dit
qu’il n’a rien remarqué, et pas même une petite odeur de moisi chez vous, il
est toujours possible de lui répondre : « Ouais, mais c’était
dans te temps. Aujourd’hui les choses ont bien changé, on contrôle ces
choses, on a des normes HQE, les autorités veillent, on régule, on gère, on
contrôle, etc. »
L’équipe
d’enquêteurs du service des affaires classées de Philadelphie dans la série
télévisée Cold Case. Jeremy Ratchford, John Finn,
Danny Pino, Kathryn Morris On en était encore là la dernière
semaine de novembre 2008 quand un étranger, un Étampois, est venu jouer les
Lily Rush en rouvrant le dossier, en se livrant à sa petite enquête perso et
en en dévoilant les résultats sur Wikipedia. On peut retrouver ce
qu’il a alors écrit dans l’historique de la page Wikipedia, mais le mieux et
le plus simple est d’aller lire la page qu’il a consacrée au sujet sur son
très riche et remarquable site web « Le Corpus Etampois » où il
expose tous les détails de son point de vue. On peut le résumer ainsi en disant
qu’ayant d’une part découvert que le mot moisson ou mosson de l’
ancien français était employé pour désigner le charmant petit oiseau qu’est
le moineau, et d’autre part s’étant souvenu qu’un Monsieur
surnommé Muisson ou Moisson
et chevalier de son état s’était sans doute promené par là, il en a conclu
que ce dernier aurait donné son nom au village traversé. Et cela, en vertu
des règles de la grammaire ancienne qui admettaient de voir figurer après le
mot Villa non pas seulement un adjectif mais un anthropotoponyme (nom
de personne humaine), même s’il portait un nom d’oiseau
(ornithotoponyme ?)
Moineau femelle au Breuil © Jean-Pierre Debats L’histoire est jolie mais a un petit
côté « Alice au pays des merveilles » qui fait douter de sa
rigueur scientifique. Mais, en même temps, elle oblige a rechercher cette
même rigueur dans l’autre explication proposée et, en particulier, à prouver
que la terre villemoissonnaise était jadis particulièrement stagnosa
autant qu’uliginosa. C’est, en tout cas, cette aquatique
façon de voir qui ,jusqu’à ce jour, a eu le privilège des approbations et la
bénédiction des autorités locales. Comme en témoigne le Guide pratique
municipal de Villemoisson-sur-Orge qui, dans son édition de 2008,
approuve l’hypothèse du savant abbé en ces termes : « Cette
étymologie semble logique si l’on considère la vallée de la rivière, l’Orge,
et les vestiges d’une villa gallo-romaine située en limite de Villemoisson et
de Ste Geneviève-des-Bois » Ce n’est qu’un exemple, parce que la
littérature qui va dans le même sens est abondante et variée dans les
commentaires.. Pourtant, si l’on remonte plus de
cent ans en arrière on constate que sur le même sujet l’instituteur dans sa
monographie datée de 189 approuve lui aussi l’abbé, mais avec des arguments
quelque peu différents : « Nous
croyons ce savant dans le vrai. La colline fournit des eaux de source qui
contribuent à l’agrément des habitations principales du village. » Le problème est que l’unanimité n’est
qu’apparente, car, pour celui qui vivait au 19e siècle dans le bas
du village l’eau, avec ses bienfaits, venait d’en haut, et que pour ceux
d’aujourd’hui qui vivent dans le haut de la ville, c’est dans le bas que
l’eau stagne. On n’a pas encore de version qui, d’en haut, fait du ciel le
grand pourvoyeur de l’humidité locale, mais en ce siècle qui, un jour ou
l’autre, devrait, comme prévu, devenir religieux ou mystique, cela ne saurait
tarder. Lorsqu’on sait que les dictionnaires
d’ancien français notent que le mot moussu était souvent couplé avec viel
(vieux) pour en renforcer le sens comme dans cette expression « vielle
fu et moussue et des ars bien chassant » tirée de la Chanson
d’Antioche, il se trouvera sans doute quelqu’un, un de ces jours, pour
trouver que « vielle et moussue » rime bien avec « Ville
moisson » Et il en fera tout un plat. ....À moins de dire qu’il est prudent d’attendre que la science
nouvelle appelée toponymie fasse assez de progrès pour nous dire ce
que la seule étymologie n’a pu scientifiquement démontrer et nous
confirmer par les faits et l’histoire ce que les mots ne font qu’évoquer. A
part les élèves du conservatoire municipal cet été, il y a peu de gens à
Villemoisson (même dans la partie ancienne) qui considèrent vivre dans une
ambiance plus humide qu’ailleurs. Qu’en était-il en l’an mille ? Et
pourquoi laisser de côté le rattachement au mot moisson utilisé
avec le sens de récolte ? Aux savants de nous le dire. En
attendant, retournons le dossier aux archives avec les autres affaires non
résolues et laissons nous envelopper par la brume du mystère à défaut de
celle des marais. Pourquoi faut-il à tout prix vouloir
tout expliquer ? la
salle des archives de la police de Philadelphie Sources et ressources L’hypothèse anthropotoponymique de M. Bernard
Gineste est développée sur une page du site web du Corpus Etampois que
l’on trouve à l’adresse suivante : http://www.corpusetampois.com/cls-12-jeanpalee1127longpont.html#villemoisson
On doit en profiter pour faire le tour du site web qui
est d’une grande richesse et fort joliment illustré : une gigantesque et
très belle réalisation. Histoire de s’amuser un peu, on peut aller voir sur Speedy
Look la traduction automatique en anglais d’une partie de la page
Wikipedia consacrée à Villemoisson-sur-Orge, Villemoisson on barley in english. http://www.speedylook.com/Villemoisson-on-barley.html Pour rester dans le jovial, on peut aussi aller voir sur ce site une page mise en ligne en même temps que celle-ci, qui est intitulée « Aux armes, citoyens de Villemoisson ! Adresse : http://pagesperso-orange.fr/saint-sevin/blason.htm Pour revenir au sérieux et approfondir tous les sujets
effleurés ici, il faut aller sur le site web perso de Claude
Audigié : « Connaissez-vous Villemoisson ? » adresse : http://pagesperso-orange.fr/audigie.claude/
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